Chaque début décembre, dans de nombreuses régions d’Europe, les cloches, les marchés et les rues s’animent autour d’une figure chaleureuse : Saint Nicolas. Protecteur des enfants, symbole de générosité et inspirateur direct du Père Noël, ce personnage traversant les siècles continue aujourd’hui encore d’alimenter traditions, folklore et douce magie hivernale. Mais qui était réellement Saint Nicolas ? Comment son histoire s’est-elle diffusée ? Et comment a-t-il pu, au fil du temps, se transformer en Père Noël ?

Qui était réellement Saint Nicolas ?
Pour comprendre Saint Nicolas, il faut d’abord revenir au IVᵉ siècle, en Asie mineure.
C’est là, dans une ville marchande de l’actuelle Turquie, que naît Nicolas, issu d’une famille aisée. Très jeune, il se distingue par sa générosité et son souci des plus pauvres. Cette compassion envers les enfants, les marins ou les foyers en difficulté lui vaudra une immense popularité bien après sa mort.
Il devient évêque de Myre et, à ce titre, participe au concile de Nicée en 325, l’un des plus importants conciles de l’Église chrétienne. Pourtant, malgré l’importance de son rôle religieux, il existe très peu de traces écrites de sa vie.
Ce sont surtout les légendes, nourries par sa réputation de bonté, qui construiront son image. Ces récits circulent d’abord en Orient, où il devient le patron de la Russie, puis en Occident où il s’impose comme protecteur des enfants et patron de la Lorraine.
Une tradition profondément européenne
La fête de Saint Nicolas, célébrée le 6 décembre, reste très vivace dans de nombreux pays d’Europe : Allemagne, Autriche, Belgique, Hongrie, Italie, Luxembourg, Pologne, Suisse, Russie…
Aux Pays-Bas, la tradition de Sinter Klaas est même plus populaire que Noël ! Chaque année, il arrive en bateau depuis l’Espagne et distribue des cadeaux aux enfants sages.
En France : un héritage régional fort
En France, la Saint-Nicolas est avant tout une tradition alsacienne et lorraine.
L’évêque est d’ailleurs le patron de la Lorraine depuis 1477 : une histoire intimement liée à la culture locale.
Mais la fête se célèbre aussi dans les Ardennes, les Hauts-de-France et en Franche-Comté. Chaque région entretient ses coutumes, parfois surprenantes. Il était par exemple d’usage que les garçons lancent de la farine sur les filles en sortant de l’école : un geste censé leur porter chance, issu d’une légende où Saint Nicolas aurait miraculeusement multiplié la farine pour sauver une population de la famine.
Et que serait la Saint-Nicolas sans ses traditions gourmandes ? En Alsace, les boulangeries proposent les célèbres mannele ou mannalas : de petits pains au lait en forme de bonhomme, représentant l’évêque.

Comment célèbre-t-on la Saint-Nicolas ?
La veille de la Saint-Nicolas, le 5 décembre, les enfants préparent la venue de l’évêque. Ils déposent une grande chaussette devant la cheminée et placent à proximité un verre de vin et du pain d’épices pour le satisfaire. Et pour son fidèle compagnon, le mulet, on laisse souvent un morceau de sucre et des carottes.
Le 6 décembre au matin, la joie éclate : les enfants découvrent les cadeaux déposés par Saint Nicolas. La journée entière est alors consacrée à la fête, à chanter des chansons en son honneur, à partager des douceurs et à célébrer l’esprit de générosité de l’évêque.
Tout au long de la période de Noël, de nombreuses festivités prolongent cette tradition. Des défilés, spectacles, concerts et feux d’artifice sont organisés pour honorer le saint, mettant en lumière son rôle de protecteur des enfants et de symbole de bonté.
De Saint Nicolas au Père Noël : une transformation progressive
La question revient souvent : Saint Nicolas est-il vraiment l’ancêtre du Père Noël ?
La réponse est oui — et l’évolution est passionnante.
Le tournant médiéval et la diffusion en Occident
Au XIIᵉ siècle, le culte de Saint Nicolas, déjà très établi en Orient, arrive pleinement en Occident. On associe alors son image bienveillante à celle de l’enfance, ce qui explique pourquoi il devient le patron des enfants.
Mais au XVIᵉ siècle, la Réforme protestante interdit le culte de nombreux saints dans plusieurs régions d’Europe.
Pourtant, la figure de Saint Nicolas survit dans certains pays, notamment aux Pays-Bas, où le personnage religieux est transformé en figure semi-laïque : le fameux Sinter Klaas.
Ce personnage réinventé est déjà très proche du futur Santa Claus.
Le voyage vers l’Amérique : naissance du Père Noël moderne
C’est au XIXᵉ siècle que la transformation s’accélère.
En 1822, le pasteur américain Clement Clarke Moore écrit un poème devenu célèbre : A Visit from St. Nicholas.
Il y décrit un homme jovial, voyageant sur un traîneau tiré par des rennes, qui visite les maisons pour apporter des cadeaux. Son âne traditionnel européen disparaît : le traîneau le remplace.
Ce texte rencontre un immense succès et s’impose dans l’imaginaire populaire.
Saint Nicolas a quitté ses habits d’évêque pour devenir Santa Claus, personnage laïque et joyeux.
1860 : l’œuvre de Thomas Nast
L’illustrateur américain Thomas Nast donne ensuite au Père Noël son apparence moderne : une grande barbe blanche, un manteau bordé de fourrure, un bonnet rouge, il l'installe au pôle Nord et le missionne pour fabriquer des jouets.
1931 : l’influence de Coca-Cola
Contrairement à une croyance répandue, Coca-Cola n’a pas inventé le Père Noël.
Mais en 1931, la marque le représente dans ses campagnes : jovial, rouge et blanc, généreux.
Cette image devient mondiale.
À partir de là, le Père Noël s’impose partout — jusqu’en France, où il apparaît massivement après la Seconde Guerre mondiale, en partie grâce aux soldats américains. En 1946, la chanson "Petit Papa Noël" de Tino Rossi contribue définitivement à installer la figure dans l’imaginaire français.

Pourquoi accrochons-nous des chaussettes à la cheminée ?
Cette tradition remonte également à Saint Nicolas.
Selon la légende, trois jeunes filles étaient menacées de pauvreté, car sans dot, elles ne pouvaient ni se marier, ni espérer une vie digne. Touché par leur situation, Saint Nicolas aurait jeté des pièces d’or par la fenêtre.
Ces pièces seraient tombées dans les chaussettes que les jeunes filles avaient laissées au-dessus de la cheminée pour les faire sécher.
De là serait née l’habitude d’accrocher des chaussettes à Noël, dans l’attente d’un don généreux... comme celle de prendre soin d’un tiers de la vie de ceux qu’on aime en lui offrant une couette Loulenn !
Aujourd’hui encore, le 6 décembre, des millions d’enfants perpétuent cette célébration dans toute l’Europe. Et chaque 24 décembre, le Père Noël — lointain héritier de l’évêque de Myre — continue de diffuser l’esprit de partage et de bienveillance qui animait déjà Saint Nicolas il y a plus de 1 600 ans.











